Les Dames
Si les jeux de damier remontent à la plus haute Antiquité, les dames, sous leur forme actuelle, furent inventées vers 1725 par un militaire français qui jouait fréquemment avec un noble polonais : c’est de là que le jeu tire son nom de « dames polonaises ».
Il existe de par le monde de nombreuses variantes très jouées, ce qui explique pourquoi le jeu ne s’est toujours pas universalisé sous une forme unique.
MATÉRIEL
Un damier de 10 cases de côté, 20 pions blancs et 20 pions noirs.
BUT DU JEU
Capturer tous les pions adverses, ou parvenir à les bloquer.
RÈGLES
Le damier et les pièces
Le damier est un plateau composé de 100 cases alternativement blanches et noires. Le jeu se déroule uniquement sur les cases noires, dites cases actives. Par convention, les joueurs placent en début de jeu le damier de façon à avoir une case blanche à leur droite. On donne le nom de « colonnes » aux séries de cases verti¬cales, de « rangées » aux séries de cases horizontales, et de « diagonales » aux séries de cases obliques.
Chaque camp dispose de 20 pions, qui sous certaines conditions peuvent se transformer en dames. La position de départ est représentée au diagramme I,
Diagramme 1 : La position de départ
Notation
Afin de conserver et de reproduire les parties, un système de notation a été mis au point. Les cinquante cases actives sont numérotées de I à 50, à partir du haut, et de gauche à droite, comme l’illustre le diagramme 2. Au départ, les pions noirs sont donc placés sur les cases I à 20, et les pions blancs sur les cases 31 à 50.
Diagramme 2 : La notation
On définit le mouvement d’un pion par le numéro de sa case de départ suivi du numéro de sa case d’arrivée. Ces numéros sont séparés par un tiret (-) en cas de simple déplacement et par le signe multi¬plié (x) en cas de prise. Ainsi, 42-38 signifie que le pion situé sur la case 42 se rend sur la case 38. De la même façon, 33 x 24 (qui se prononce «33 prend 24») signifie que le pion situé sur la case 33 effectue une prise et se retrouve sur la case 24. Pour distinguer les coups blancs des coups noirs, on note ces derniers entre parenthèses, par exemple (20-24).
En pratique, on utilise également les symboles suivants pour compléter la notation :
! Fort coup
il Coup remarquable
? Coup faible
?? Gaffe
* Coup forcé
+ Gain de la partie
= Jeu égal
Déplacement des pièces
– Le Pion : il se déplace d’une case en diagonale, vers l’avant et sur une case vide. Il lui est interdit de reculer, sauf pour prendre. Toute sa vie se déroule sur des cases de la même couleur (dia¬gramme 3).
Diagramme 3 : La marche du pion
– La Promotion : lorsqu’un pion par¬vient sur sa dernière rangée, il se transforme en Dame, promotion que l’on matérialise en le couvrant d’un autre pion de la même couleur.
– La Dame : elle se déplace diagonale- ment sur les cases vides, dans les quatre directions et d’autant de cases qu’elle le désire (diagramme 4).
Diagramme 4 : La marche de la Dame
Prise des pièces adverses
Lorsqu’un pion est en contact avec une pièce adverse derrière laquelle se trouve une case vide, il saute par-dessus cette pièce et se pose sur la case libre. La pièce adverse est « prise » et ôtée du jeu. La prise s’effectue en avant comme en arrière (diagramme 5). La Dame prend comme le pion, mais peut franchir plusieurs cases vides avant de sauter par-dessus le pion ou après l’avoir enjambé (diagramme 6).
Diagramme 6 : La prise de la Dame
Diagramme 5 : La prise du pion
Si plusieurs pièces adverses sont en position d’être successivement prises, le pion ou la Dame doivent les prendre toutes. C’est ce que l’on appelle une « rafle ». S’il est permis de passer plu¬sieurs fois sur une même case vide, il est interdit de passer plus d’une fois sur une même pièce (diagramme 7). Les pièces ne sont ôtées du jeu qu’une fois la rafle terminée, ce qui limite quelquefois le nombre des prises (diagramme 8).
Un pion qui touche la dernière rangée, lors d’une rafle, mais poursuit son mouvement n’est pas promu Dame « en passant ».
Diagramme 7 : La Dame noire ne peut repasser sur le pion 23 pour capturer le pion
Diagramme 8 : Les pions n’étant ôtés qu’après la rafle, la Dame noire doit s’arrêter sur la case 28, où elle est en prise
La prise est absolument obligatoire, la règle du «soufflage» (selon laquelle le joueur ayant oublié d’effectuer une capture se voyait retirer le pion coupable d’omission) ayant depuis longtemps été abolie
La prise majoritaire : un joueur qui a le choix entre plusieurs prises doit effec¬tuer le mouvement qui lui permet de capturer le plus de pièces ennemies. En cas d’égalité, il peut choisir librement. La qualité des pièces en prise n’entre pas en ligne de compte (c’est-à-dire que la prise d’une Dame n’a pas priorité sur la prise d’un pion).
Déroulement de la partie
Chaque joueur joue un coup à tour de rôle, le joueur ayant les Blancs débutant la partie. Lorsqu’un joueur oublie d’effec¬tuer une prise, son adversaire peut, selon son intérêt, accepter l’irrégularité ou bien exiger que le coup légal soit joué.
Fin de la partie
Une partie ne peut avoir que deux résultats : gain ou nulle.
Le gain s’obtient :
– soit par la capture ou le blocage de toutes les pièces adverses ;
– soit par l’abandon de l’adversaire.
La nulle s’obtient :
– dans tous les cas où l’on démontre que le gain est impossible ;
– lorsqu’une même position se répète trois fois de suite ;
– par accord mutuel des deux joueurs, c’est-à-dire par acceptation d’une proposition de nulle.
STRATÉGIE
Les dames sont un jeu éminemment tactique. Pour cette raison, il est malaisé d’établir une théorie du milieu de jeu très éiaborée ou de dégager des principes stratégiques dont la validité soit perma¬nente : chaque position doit être traitée selon ses propres mérites et la tactique prend généralement le pas sur la stratégie.
Cependant, les combinaisons favorisent en règle générale le camp qui jouit d’une position supérieure. Il est donc essentiel de connaître les grands principes généraux du jeu, que l’étude et la pratique des maîtres ont permis de dégager :
– Développer les pièces vers le centre du damier.
– Ne pas disperser ses pièces et tâcher de conserver une position compacte, en évitant d’isoler des pions.
– Créer de nombreuses possibilités d’échanges, afin de pouvoir éventuelle¬ment se débarrasser des pions gênants.
– Chercher à conserver des coups tem-porisateurs, permettant de jouer sans modifier la position, afin d’être, le cas échéant, en mesure d’attendre les décisions adverses.
VARIANTES
Les dames anglaises
Cette variante, appelée « Draughts » en Grande-Bretagne et «Checkers» aux États- Unis, est presque exclusivement jouée dans les pays anglo-saxons. Elle correspond aux anciennes dames françaises, et diffère des dames internationales sur plusieurs points touchant le matériel et les règles.
Matériel
Un damier de 8 cases de côté, 12 pions blancs et 12 pions noirs.
Règles
Ce sont les mêmes que celles du jeu international, à ces différences près :
– Le pion ne peut jamais reculer, même en cas de prise.
– La Dame se déplace dans toutes les directions, mais d’une seule case à la fois.
– Un joueur qui a le choix entre plusieurs prises n’est pas tenu d’effectuer le mouvement qui lui permet de capturer le plus de pièces ennemies, mais, s’il a choisi celui-ci, il doit réaliser toutes les captures possibles.
Les dames en diagonales
Cette variante se joue en obéissant aux règles des dames anglaises, mais avec 9 ou 12 pions selon la position de départ. Les pions se transforment en dames lorsqu’ils atteignent une des cases de promotion, signalées par la lettre P dans les diagrammes 9 et 10.
Diagramme 9 :dames en diagonales à 12 pions
Diagramme 10 : dames en diagonales à 9 pions
Les dames italiennes
Se jouent selon les règles anglaises, avec les différences suivantes :
– Le damier est positionné de façon que les joueurs aient une case active à l’extrémité droite de leur première rangée.
– Une Dame ne peut être capturée que par une autre Dame.
– On applique la règle de la prise majoritaire, selon laquelle un joueur ayant le choix entre plusieurs prises est tenu d’effectuer celle lui permettant de capturer le plus de pièces ennemies.
– Lorsqu’une Dame a le choix entre plusieurs prises d’un nombre égal de pièces, elle doit opter pour celle permettant de capturer les pièces les plus importantes (c’est-à-dire de capturer des dames plutôt que des pions).
Les dames espagnoles
Se jouent comme les dames italiennes, sauf pour la marche de la Dame, qui obéit aux règles internationales.
Les dames allemandes
Se jouent comme les dames espagnoles. Cette variante se rapproche des dames internatio¬nales dans la mesure où les pions sont auto¬risés à prendre en arrière et ne peuvent être promus «en passant» (c’est-à-dire lorsqu’ils touchent, lors d’un mouvement, leur der¬nière rangée, mais sans que celle-ci représente leur destination finale).
Les dames russes
Se jouent comme les dames allemandes, avec les différences suivantes :
– Un joueur qui a le choix entre plusieurs prises n’est pas tenu d’effectuer celle lui permettant de capturer le plus de pièces ennemies.
– Tout pion touchant la dernière rangée se transforme immédiatement en Dame, même si son mouvement n’est pas terminé (cas d’une rafle).
Les dames canadiennes
Se jouent comme les dames allemandes, avec es différences suivantes :
– Le damier est positionné de façon que les oueurs aient une case active à l’extrémité gauche de leur première rangée.
– Le damier comporte 144 cases (il a donc 2 cases de côté). Chaque joueur possède
30 pions, disposés sur ses cinq premières rangées.
Les dames « à qui perd gagne »
Cette variante amusante peut se jouer selon l’une quelconque des règles que nous venons d’exposer. Le but du jeu est de se faire capturer ou bloquer toutes ses pièces par l’adversaire, les prises étant obligatoires.
Les dames « à qui perd gagne »
Cette variante amusante peut se jouer selon l’une quelconque des règles que nous venons d’exposer. Le but du jeu est de se faire capturer ou bloquer toutes ses pièces par l’adversaire, les prises étant obligatoires.