Le Poker
Jeu d’argent et de hasard, le poker est considéré aux États-Unis comme le jeu national. Il a conquis ses « lettres de noblesse » sur les bateaux à aubes du Mississippi et dans les arrière-salles de saloons, du temps du Far West, avant d’envahir les salles de jeu du monde entier dès la fin du xix1 siècle. Les règles du poker rappellent celles de certains jeux français comme le Brelan et la Bouillotte, italiens comme le Frusso, et se rapprochent même de jeux orientaux millénaires comme le Tin Kau chinois ou l’As-Nâs persan. Le nom même de « poker » pourrait dériver du jeu français Poque ou du jeu allemand Pochspiel, mais provient plus vraisemblablement de l’anglais poker, tisonnier (du verbe to poke, attiser, tisonner, exciter).
MATÉRIEL
Un jeu de 52 cartes et des jetons. Il est également possible de jouer avec un nombre de cartes inférieur, mais le poker véritable se joue toujours avec un jeu complet.
BUT DU JEU
Posséder, ou faire croire que l’on possède, une combinaison de cartes supérieure aux combinaisons adverses.
RÈGLES (2 à 8 joueurs)
Ordre des cartes
La force des cartes va de l’As au 2, en décroissant. Toutefois, l’As peut dans certains cas devenir la carte la plus basse du jeu (dans la Quinte dite « américaine », c’est-à-dire dans la séquence 5,4, 3, 2, As).
Distribution des cartes
Elle s’effectue en deux étapes.
Première distribution
Le donneur, qui change après chaque coup, distribue une à une cinq cartes à chaque joueur, faces cachées, dans le sens des aiguilles d’une montre. Les joueurs, en commençant par celui placé à la gauche du donneur, misent sur leurs chances de gagner le coup. Selon le cas, ils passent, misent, égalisent la somme déjà misée par un autre joueur, ou enfin relancent en misant une somme plus importante. Les joueurs ayant égalisé la mise la plus forte ont droit à une nouvelle distribution de cartes, les autres joueurs perdent leur mise et restent hors du coup.
Deuxième distribution
Les joueurs toujours en lice peuvent améliorer leur main en écartant, faces cachées, de une à quatre cartes. Ils annon-cent le nombre de cartes qu’ils écartent à voix haute, et déclarent « Servi » s’ils refusent d’écarter. Le donneur distribue à chacun un nombre de cartes égal au nombre de cartes écartées.
Déroulement de la partie
Un certain rituel entoure les parties de poker, dans lesquelles on utilise un voca-bulaire particulier. La place n’étant pas indifférente, certains joueurs préférant se trouver avant ou après telle ou telle personne, réputée pour ses mises calmes ou au contraire agressives, on commence par tirer les places en début de partie. Chacun tire une carte du paquet, et les joueurs s’asseyent dans l’ordre de force des cartes tirées.
Chaque joueur achète ensuite une unité de base de jetons, matérialisant l’argent joué, appelée « cave ». La mise minimale sur un coup, représentée souvent par le jeton le moins cher, est appelée le « chip ». Les joueurs « décavés », c’est-à-dire n’ayant plus suffisamment de jetons, peuvent se « recaver » d’une ou de plusieurs caves entre deux coups (mais jamais pendant le déroulement d’un coup).
L’ensemble des jetons possédés par chaque joueur est appelé son «tapis». Chaque joueur dispose son tapis devant lui, clairement visible de tous. La partie proprement dite peut maintenant débuter. Elle se joue soit «en pot continu », soit « au blind ».
Partie en pot continu
Dans cette forme de jeu, les joueurs doivent à chaque coup déposer au centre de la table une mise dont le montant est fixé en début de partie. A tour de rôle, les joueurs ont le choix entre « passer» et «ouvrir», c’est-à-dire effectuer une première mise.
Passer, en disant «Parole» : ce passe n’est pas définitif tant qu’un joueur précédent n’a pas ouvert. Le joueur qui passe ne perd pas sa mise, puisque, en cas de passe général, les mises sont conservées au centre de la table. Le donneur suivant effectue alors une nouvelle distribution de cartes. Il peut également décider d’une mise supplémentaire : cela s’appelle « arroser le pot ».
Ouvrir : l’ouverture se fait en misant une certaine somme, généralement fixée au montant du pot. Les autres joueurs ont maintenant le choix entre :
– passer : ce passe est maintenant définitif. Le joueur dit « Sans moi », et jette ses cartes, faces cachées. Il est exclu du coup et abandonne sa mise initiale ;
– suivre : c’est-à-dire miser une somme égale à celle de l’ouvreur. Égaliser donne droit à participer au coup, sous réserve d’égaliser encore toute relance effectuée par un autre joueur ;
– relancer : c’est-à-dire parier une somme supérieure aux mises précédentes. On ne peut se relancer soi-même : si, par exemple, un joueur a ouvert et si ses partenaires ont suivi sans relancer, il n’a plus droit à la parole. Pour éviter les trop gros écarts d’argent, on limite habituellement
les relances au montant des sommes déjà engagées sur le coup. On dit alors que « la relance est à hauteur du tapis». Les joueurs qui viennent d’être relancés ont, dans des conditions identiques à celles que nous venons de décrire, le choix entre passer, suivre en égalisant, et sur-relancer.
La deuxième distribution intervient quand la plus forte relance a été égalisée. Si la mise la plus forte n’a pas été égalisée, son auteur gagne le coup et ramasse l’ensemble des mises, sans être obligé de montrer son jeu.
Il est de règle d’effectuer immédiatement les relances : toute hésitation est en effet considérée comme une tentative d’intimidation et fait perdre le droit à la relance. Notons également qu’un joueur qui ne peut suivre une relance du fait de l’insuffisance de son tapis n’est pas exclu du coup, mais y participe au prorata de son tapis : on partage alors le pot en deux parties. Si le joueur gagne, il ramasse la partie du pot pour laquelle il a été en mesure de miser. L’autre partie revient au deuxième meilleur joueur.
Une fois la deuxième distribution effectuée, la parole revient à l’ouvreur : on dit que «l’ouvreur parle en premier», c’est-à-dire qu’il est le premier à miser s’il le désire (il annonce alors le montant de sa mise : «chip», ou «200», etc.). Comme précédemment, les joueurs ont le choix entre passer, miser ou éventuel¬lement relancer. Si tout le monde passe, le pot est maintenu, ou partagé par les joueurs encore en lice. S’il y a mise, le joueur qui a effectué la mise la plus forte montre ses cartes à ceux qui ont égalisé sa relance. On dit qu’il a été payé « pour voir». Celui qui a la combinaison la plus forte remporte les enjeux. Si personne n’a égalisé la mise la plus forte, son auteur remporte les enjeux sans avoir à montrer sa main.
Signalons que le donneur peut fixer un seuil minimal d’ouverture, par exemple une Paire de Dames. Cela signifie que le joueur qui ouvre le pot (en effectuant la première mise) doit pouvoir présenter à la fin du coup au moins une Paire de Dames aux joueurs qui lui en font la demande, sous peine de devoir reconstituer le pot à ses frais. Le joueur qui écarte son ouverture quand il demande des cartes à la deuxième distribution doit prévenir les autres joueurs en déclarant «Je casse l’ouverture».
Il est possible aussi « d’acheter » le pot en payant une somme équivalant à la hauteur du pot, c’est-à-dire d’ouvrir sans voir son jeu. L’achat est réservé au joueur situé à la gauche du donneur, et donne droit à parler en dernier, c’est-à-dire offre la faculté de relancer si d’autres joueurs suivent l’ouverture. Lorsque personne ne suit, l’acheteur ramasse le pot. On peut aussi convenir que le joueur placé à la gauche de l’acheteur peut «suracheter» le pot en cas d’achat, en versant le double de la somme d’achat. Le surachat s’effectue sans voir son jeu et ouvre les mêmes droits que l’achat.
Partie au blind
Le joueur placé à la gauche du donneur est tenu de miser, sans voir son jeu (blind signifie «aveugle», en anglais), une somme dont il fixe le montant. Les autres joueurs ont le choix entre passer, égaliser et relancer, selon un modus operandi identique à celui régissant le jeu en pot continu.
Le blindeur (premier à jouer) est le dernier à parler, ce qui l’autorise à relancer si d’autres joueurs l’ont suivi. Si une relance a déjà été effectuée, le blindeur peut passer en abandonnant son blind, suivre en complétant sa mise, ou surrelancer.
Si personne ne suit le blind, on fait généralement un pot : chaque joueur verse alors une somme égale au blind, et le nouveau coup se joue selon les règles du jeu en pot continu.
On autorise généralement les joueurs placés à la gauche du blindeur à surblinder (en mettant le double du blind) et éventuellement à overblinder (en mettant le double du surblind). Le surblind et l’overblind confèrent les mêmes droits que le blind.
Fin du coup
Un coup peut s’achever de trois façons différentes :
– Personne n’a ouvert (partie en pot continu) ou personne n’a suivi le blindeur (partie au blind) : un nouveau coup est alors joué, en pot.
– Personne n’a égalisé la mise la plus forte, avant ou après échange de cartes. L’auteur de cette mise ramasse alors les enjeux.
– La mise la plus forte a été égalée après les échanges de cartes (« pour voir »). Son auteur montre alors son jeu. Si les autres joueurs en lice ont mieux, ils l’annoncent à leur tour et montrent leurs cartes, sinon ils disent «C’est bon» et jettent leurs cartes sans avoir à les montrer.
Fin de la partie
On décide en début de jeu si la partie aura une durée limitée (par exemple deux heures), ou si elle se jouera sans limite fixée. Dans ce cas-là, elle prend fin par accord mutuel des joueurs, mais un perdant peut se lever de table à tout moment. Il est cependant d’usage pour les gagnants d’accorder des prolongations aux perdants. Quand la partie a définitivement pris fin, les joueurs comptent leur tapis. Ils payent ou encaissent la différence entre le montant de leur tapis et le montant des caves qu’ils ont prises.